Pour commencer, quelques définitions du traumatisme:
– « Le traumatisme est comme une réponse dans le système nerveux et ne trouve pas son origine dans un événement. Le traumatisme est dans le système nerveux et non dans l’événement. » Peter Levine, PH.D.
– Le traumatisme est « une brèche dans la barrière protectrice contre l'(hyper)-stimulation, menant aux sensations écrasantes d’impuissance » Freud. La S.E. ajoute « hyper » à cette définition et relie cela à une perte de la résilience dans le système nerveux.
– « Le traumatisme psychologique est un état de frayeur extrême que nous éprouvons quand nous sommes confrontés à un événement soudain, inattendu potentiellement mortel sur lequel nous n’avons aucun contrôle, et pour lequel nous sommes incapables de répondre efficacement quel que soit le moyen employé. » Flannery.
– « Les événements traumatiques sont extraordinaires, non parce qu’ils arrivent rarement, mais plutôt parce qu’ils submergent les adaptations humaines ordinaires à la vie…le dénominateur commun aux traumatismes est un sentiment de crainte intense, d’impuissance, de perte de contrôle et de menace d’annihilation. » Herman.
L’Expérience Somatique (SE) propose une voie de résolution des symptômes liés à un trauma, et considère que l’être humain est doté d’une capacité instinctive pour guérir, ainsi que d’une intelligence pour exploiter cette capacité innée. Cette approche thérapeutique interroge et répond à cette question intrigante: pourquoi les animaux dans la nature, bien que menacés quotidiennement par leurs prédateurs, sont-ils rarement traumatisés?
Le fait de comprendre la dynamique qui rend les animaux sauvages pratiquement « immunisés » contre les symptômes traumatiques, dévoile le mystère du traumatisme humain.
Cette méthodologie aide le patient à reconnaître et à étendre les ressources internes, externes et manquantes afin d’aider à la guérison de l’événement traumatique.
En SE, on agit à l’intérieur de la fenêtre de tolérance du patient. Les interventions du thérapeute visent à élargir cette fenêtre de tolérance: on travaille à partir d’un espace où l’on se sent confortable et en sécurité. En développant chez une personne la tolérance à ses sensations physiques, la confiance dans la sagesse innée du corps s’accroît naturellement. Le patient sort progressivement du figement auquel l’avaient contraint la crainte et la terreur éprouvées pendant l’événement traumatique. Cette manière d’aborder le trauma facilite la re-régulation du SNA en rétablissant en douceur les cycles de l’interaction entre sympathique et parasympathique. Et, on l’aura compris, la SE travaille principalement avec le ressenti corporel, restaure et réhabilite les sensations, et leur donne du crédit.
On peut distinguer deux grandes familles de trauma:
– les événements traumatiques ponctuels qui font effraction dans le cours de la vie : accident, agression, viol, deuil, maladie grave, opération chirurgicale, fièvre intense, etc.
– le traumatisme « à bas bruit » ou trauma du développement: ce trauma s’installe silencieusement, sur la durée, tout au long de la période du développement de l’enfant, peut démarrer dès la naissance (et même avant).
Ce type de trauma se repérera, plus tard, chez l’adulte par une plainte s’exprimant ainsi: « je suis sans souvenirs », « j’ai l’impression d’un temps non vécu », » c’est le blanc, c’est le brouillard ».
Ce qui motive la demande de thérapie pourra être un état dépressif, le fait de ne pouvoir donner un sens à sa vie, d’être sans désir, de ressentir un profond sentiment d’impuissance…mais aussi l’apparition d’un ou plusieurs symptômes (allant jusqu’au syndrome: migraines, fibromyalgie, désordres auto-immunes, intestin irritable, etc).